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Mon petit paradis vert
21 mars 2008

Jeudi Saint

En pleine Semaine Sainte, je reprends le fil des traditions d'ici et d'ailleurs après m'être arrêtée au Carême, temps de préparation de celle-ci. J'ai malheureusement fait l'impasse sur la mi-Carême et sur le Dimanche des Rameaux, mais vous en saurez plus en allant rendre visite à mon amie LaBelleVerte.

Le Jeudi saint est le jeudi précédant Pâques.
L'histoire de la fête du Jeudi Saint est complexe : elle est à la fois le mémorial de la dernière Cène, le début de la passion de Jésus, la fête de la réconciliation des pénitents et un jour privilégié pour la cérémonie du lavement des pieds.

Il existe deux récits un peu différents du repas pascal. Celui de Marc et Mathieu raconte que  le soir venu tandis qu'ils étaient à table,  Jésus pris du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant "Prenez, ceci est mon corps", puis, prenant une coupe, il rendit grâce et la leur donna en disant "Ceci est mon sang, le sang de l'alliance qui va être répandu pour une multitude". L'autre, rapporté par Luc et en partie par Paul raconte que Jésus prit une première coupe, il rendit grâce et dit "Prenez ceci et partagez entre vous". Puis prenant du pain, il rendit grâce, le rompit et le leur donna en disant "Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi". Il fit de même pour la coupe après le repas, disant "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang  versé pour vous".

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L'Évangile de Saint Jean raconte qu'avant la fête de la Pâque, sachant que son heure de mourir était venue, Jésus au cours d'un repas lava les pieds de ses disciples. Lorsqu'il vint laver les pieds de Simon Pierre, celui-ci refusa. Jésus lui : "Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi" et il ajoute : "Celui qui a pris un bain, n'a pas besoin de se laver, il est entièrement pur. Vous aussi, vous êtes purs, mais pas tous". Puis il leur expliqua son geste : "Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi comme moi j'ai fait pour vous". Enfin il annonce que l'un de ses disciples le livrera.

La cérémonie chrétienne du lavement des pieds existait dans beaucoup de communautés monastiques. On la trouve chez les moines irlandais au IVème siècle, puis il est passé en Angleterre. Le Jeudi saint, le roi Édouard d'Angleterre en 1320 lavait les pieds à cinquante hommes pauvres. Les rois de France lavaient eux aussi les pieds à douze pauvres. Cette cérémonie est appelée, dans le cérémonial des évêques,  "mandatum" mot latin qui signifie commandement, parce que Jésus a dit en lavant les pieds de ces disciples "Je vous donne un commandement nouveau".

A Rome au IVème siècle et en Gaule, le Jeudi saint c'est le jour de la réconciliation solennelle des pénitents et leur réintégration dans l'assemblée. En effet les pénitents qui avaient gravement péché étaient exclus de l'assemblée eucharistique On les réconciliait pour qu'ils puissent participer à l'eucharistie de Pâques. Les rites ont évolué. Lorsque le carême s'est organisé, les pénitents étaient exclus au début du carême et on leur imposait les cendres. Dans certains pays, le symbolisme de réintégration va s'exprimer de la manière la plus visuelle possible dans la liturgie de la réconciliation, le jeudi saint, où l'évêque ramène en farandole les pénitents réconciliés, en tenant par la main le premier d'entre eux tandis que tous les autres se donnent la main.

La liturgie du Jeudi saint nous fait vivre une expérience spirituelle d'intimité avec Jésus, de recueillement et d'amour d'une grande gravité. Nous revivons le dernier repas de Jésus avec ses disciples et aussi son agonie au jardin des oliviers. Le Jeudi saint est un temps exceptionnel d'union avec Jésus. Dans beaucoup d'églises, on est invité a communier au sang du Christ, comme cela est prévu dans le missel romain. C'est l'occasion de ressentir profondément l'amour du Christ qui a donné sa vie pour nous. Souvent des adultes font leur première communion le Jeudi saint.
L'usage d'une grande table dans la nef de l'église évoque le repas de la Cène : on est rassemblé autour du Christ dans une grande proximité. La modification du cadre habituel fait toucher le caractère exceptionnel de la célébration.
Le geste du lavement des pieds est impressionnant. Il nous met en cause personnellement.  La liturgie de cette fête nous concerne au plus intime de nous-même.

A la fin de la célébration, le Saint-Sacrement est retiré de l'église jusqu'a la veillée pascale. L'eucharistie est transportée solennellement en un lieu que l'on nomme "reposoir" et qui traditionnellement est décoré de fleurs et de luminaires, mais actuellement souvent plus dépouillé. Dans beaucoup de paroisse, les fidèles participent à la procession. Tous portent un cierge allumé. A l'arrivée au reposoir, le prêtre encense le Saint Sacrement. L'eucharistie est conservée pour la communion du Vendredi saint. On procède au dépouillement des autels, nappes et ornements et on voile les croix et les statues de l'église. On éteint les cierges. Ce dépouillement évoque la situation de Jésus qui dans sa passion et sa mort est dépouillé de tout.
Depuis le gloria de la messe du Jeudi saint, pendant le quel on fait sonner les cloches, jusqu'au gloria de la messe de la vigile pascale, c'est le silence des cloches qui évoque la mort de Jésus. Elles carillonneront joyeusement pour annoncer la résurrection.

En Alsace, le Jeudi Saint est aussi appelé Griendonnersti (le Jeudi vert) parce que c'est le jour où l'on consomme le Ninkrittermües (bouillie aux 9 plantes) ou le Sewernerlei Krüt (aux 7 herbes), composés de pissenlit, d'oseille, d'ortie, de cresson, d'alchémille, d'épinard, de poireau, de ciboulette, de persil, de cerfeuil, de chou frisé, suivant les usages et les disponibilités. Ce plat purifiant a pour but de nettoyer l'homme de l'intérieur, pour une véritable renaissance spirituelle. En quelque sorte, on voulait, comme dans le Osterputz (nettoyage de printemps), nettoyer l'organisme des impuretés accumulées durant l'hiver. D'ailleurs, cette tradition, tout comme celle de manger des œufs et des épinards de jour-là, est encore fort respectée dans de nombreuses familles.

Sources :
http://fr.wikipedia.org/
http://catholique-nanterre.cef.fr/
Traditions alsaciennes :
En Alsace, du berceau à la tombe de Freddy Sarg aux Editions Oberlin
Plantes, Croyances et Traditions en Alsace de Gérard Leser et Bernard Stoehr aux Editions du Rhin
Petite histoire de la cuisine alsacienne de André Braun, Gérard Leser, Béatrice Sarg, Freddy Sarg, Jean-Louis Schlienger aux Editions du Rhin

P.S. Hier soir, en traversant un de nos jolis petits villages, je me suis rendu compte que j'avais omis de signaler une tradition encore bien vivace dans beaucoup de régions. En effet, j'ai rencontré un groupe d'enfants sillonnant les rues avec des crécelles. Etant donné que les cloches sont silencieuses jusqu'à Pâques, les crécelles servent de moyen pour appeler les ouailles aux offices.

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Commentaires
F
Sur conseil d'une personne de ma connaissance j'ai pris l'habitude de semer du persil chaque Jeudi Saint au matin ,à bonne exposition ensoleillée ,sur lit de semis composé de terrau et sous tunnel plastqie .Depuis lors j'ai pu constater que le persil naît rapidement ,en 8 ou 10 jours .autant de graines ,autant de pieds. Jusque là je le semais en saison plus chaude ,notamment pour la Pleine Lune d'Août (il passe ainsi deux hivers avant de monter à graines) toujours sur lit de tereau et toujours sans couvrir les raines du plus fin terreau que e soit:sur le terreau et SOUS le CIEL!! Réussite toujours assurée!<br /> <br /> Pour ce qui est des potées ou des poëlées d'herbes Vertes de Printemps ,quelles que soient ces herbes ,sauvages ou cultivées ,c'est une habitude que j'ai prise sans qu'il y ait de traditions en Quercy ni dans tout le Grand Sud:cette idée m'est venue en lisant des ouvrages sur la Chine et le Japon!Je le fais spontanément et irrépressiblement chaque Samedi Saint!Je ne peux pas passer le Samedi Saint sans ça!
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