Toujours plus vite...
Je ne pouvais manquer de partager avec vous l'éditorial du numéro de mars 2008 de Plantes & Santé tant il est criant de vérité.
"Vite, vite, vite ! Nous n'avons jamais été aussi pressés. Pressés d'aller au travail et d'en repartir plus tôt. Pressés de manger et de sortir de table. Pressés de partir en vacances et d'en profiter à chaque instant. Nous courons comme des dératés (étymologiquement : à qui on a enlevé la rate) sans savoir vraiment à quoi cette urgence nous mène.
Un petit temps de réflexion nous indiquerait pourtant que notre empressement est contre nature. Nous ne sommes pas comme les fourmis industrieuses ou les mouches éphèmères accablées par leur courte existence. Tout dans notre cycle de vie nous rapproche plutôt des lents mammifères qui ne courent que pour échapper à leur prédateur. Nous dormons beaucoup, notre digestion dure entre 4 et 8 heures, notre fréquence cardiaque est de 80 pulsations par minute (...), notre gestation dure 9 mois, trois plus que celle du porc... Non, vraiment, l'homme n'est pas fait pour se hâter et pourtant, nous cultivons savamment l'urgence. Pire, nous accélérons toujours. Notre devise : plus vite, plus haut, plus fort !
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Les conséquences de notre précipitation nous échappent encore, mais elles apparaissent, petit à petit au grand jour, car la nature n'aime pas qu'on la force. Nous avons introduit dans notre vie quotidienne tant de nouveaux facteurs que notre corps ne peut plus s'y adapter. Aliments industriels, médicaments synthétiques, énergies fossiles, technologies... aussitôt découverts, aussitôt mis à disposition de tous, dans la précipitation. Nous n'avons jamais pris la peine d'étudier patiemment quelles pourraient être les conséquences de tous ces bouleversements conjugués et c'est seulement aujourd'hui qu'elles apparaissent. Nos cellules dégénèrent, ou, au contraire, prolifèrent. Notre système immunitaire défaille ou devient furieux. Notre cerveau écume, ou sombre dans l'oubli...
Je suis souvent frappé de constater le décalage croissant entre nos gesticulations frénétiques et l'impassibilité de la nature. Et encore plus étonné de constater à quel point il nous serait facile de retrouver son flegme immuable. Sous doute avez-vous, comme moi, ressenti son influence tranquille, son pouvoir relaxant. Quelques heures à son contact permettent de ressentir sa puissance à la fois protectrice et apaisante. Succomberions-nous si facilement à son appel si nous n'étions pas de la même trempe ?
Contrairement à ce que nous croyons, nous avons sans doute encore beaucoup de choses à apprendre des plantes. Il ne s'agit pas seulement de connaître leurs propriétés médicinales, les nutriments qu'elles contiennent ou la manière de les faire pousser dans notre jardin, mais aussi de ressentir leur énergie, de vivre leurs légendes, d'assimiler leurs rythmes. C'est en les fréquentant, en les consommant et en les respectant que nous découvrirons peut-être que si nous sommes pressés de vivre, nous devons commencer par vivre plus lentement."
Jean-François Astier
C'est tellement vrai. Nous courons sans cesse... après qui, après quoi ? Nous n'avons jamais le temps... Et pourtant, si nous ralentissions, le monde ne cesserait pas de tourner. Alors... si nous cessions de confondre pédale d'accélérateur et pédale de frein, ne gagnerions-nous pas en sérénité ? Parce que nous le valons bien...
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